Livestock Research for Rural Development 27 (4) 2015 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
Une enquête a été menée entre avril et septembre 2010 auprès de 50 élevages détenant au total 29 929 cailles dans le Département du Mfoundi, Région du Centre, Cameroun. L’objectif était d’étudier les caractéristiques socio-économiques des éleveurs de caille et d’évaluer les performances techniques des élevages, afin d’en définir les principaux axes d’amélioration.
Les éleveurs de cailles sont surtout âgés de 45 ans et plus (66%), des hommes (58%) mariés (94%), ayant pour la plupart (68%) 5 à 10 enfants à charge, principalement salariés (56%) et tous alphabétisés (100%). Le niveau d’expérience dans l’élevage de la caille reste très faible (2 à 3 ans). Cet élevage est pratiqué à 44% pour la vente. L’alimentation provient de provenderies. La taille moyenne du cheptel est de 599 ± 628 cailles par éleveur, le sex ratio varie entre ½ et ¼, et le critère de sexage est dominé par la présence de la poche de sperme (94%). L’élevage sur litière (88%) domine. Très peu d’enquêtés (20%) ont un programme de prophylaxie. L’âge de maturité sexuelle est de 60 ± 15 jours, et le taux de ponte moyen est de 65% et de 75% au pic, à 12 semaines d’âge. Pendant l’incubation qui dure 17 jours, la température est de 38,5°C, le retournement se fait 2 fois par jour et le taux d’éclosion est de 50%. La main d’œuvre est principalement familiale (80%). La vente des produits se fait en majorité dans les fermes (80%). Les produits sont les œufs (94%). La commercialisation représente la principale contrainte (62,7%). Les perspectives majeures envisagées sont la création de points de vente (47%), la sensibilisation des populations sur les produits de cet élevage (34%) et la réalisation d’études en vue d’établir un itinéraire technique adapté.
Mots-clés: caille, coturniculture, performance technique, perspectives, socio-économie
A socio-economic and technical characterization was conducted between April and September 2010 on 50 quail farms in the Department of Mfoundi, of the Central Region of Cameroun. The aim was to study the socio-economic characteristics of quail breeders to evaluate the technical performance of farms in order to identify key areas for improvement. For this purpose surveys were conducted in 50 farms holding a total of 29.929 quails.
The result shows that: quail farmers, aged 45 and over (66%) were men (58%) married (94%), with mostly (68%) 5 and 10 children at charge. The respondents are mainly employees 56%, and all literate (100 %). However, the level of experience in breeding quails remains very low (2-3 years). This breeding is practiced in 44% of cases for profit. The average herd size is 599 ± 628 by farmer, the sex ratio varies between ½ and ¼, while the sexing criteria is dominated by the presence of the foam gland (94%). . The dominant type of farming is farming on litter (88%). Very few respondents (20 %) have a prophylaxic program. The age of sexual maturity is 60 ± 15 days and the average laying rate of 65 % while the average peak is of 75% recorded at 12 weeks of age. During incubation, the temperature is 38.5°C, the turning of eggs is done twice a day and the mean hatching rate is 50 %. The labor use is mainly family (80%). The sale of products is done mainly on farms (80%). After production the most asked product are eggs (94%). Marketing is the main constraint (54%). The proposed major perspectives are creating outlets (56%) and the sensibilisation of public on this farm product (34%). More studies have to be done to establish a better technical route suitable for quail farming.
Keywords: economy, performances, perspectives, Quail
La sécurité alimentaire en termes de disponibilité de produits de base, est une priorité incontournable du développement durable (FAO 2009). Toutefois, le volume de viande consommé a augmenté à un rythme plus rapide que la production, et cette situation a été qualifiée par Delgado et al (1999) de révolution animale. Pour faire face à cette situation, l’Etat camerounais a concentré ses efforts sur le développement du secteur du gros bétail, de l’élevage moderne de volailles, de porcs et celui des ovins et caprins (Djoukam et al 1991). Ce développement a surtout profité aux populations urbaines au pouvoir d’achat plus élevé, contrairement aux populations rurales à revenu très faible qui en bénéficient très peu (Hardouin 1992). Vu la diminution des pâturages, du fait de l’expansion des cultures vivrières et de l’urbanisation rapide des pays africains (FAO 2009), l’élevage non conventionnel, les élevages à cycle court donc la coturniculture s’avère être une alternative au problème de manque d’espace (PAPENOC 2009) car elle requière peu d’espace et se pratique facilement même en zone urbaine. Envisager une amélioration de cet élevage passe par une connaissance de la situation existante. C’est dans cette optique que la présente étude a été initiée avec pour objectif de contribuer à une meilleure connaissance de la situation existante. Plus spécifiquement il a été question de décrire les caractéristiques socio économiques des éleveurs, de déterminer les performances techniques des élevages et de dégager les contraintes de cette activité afin de proposer d’éventuels axes d’amélioration.
La présente étude s’est déroulée entre avril et septembre 2010 dans le Département de Mfoundi Région du Centre-Cameroun. Situé entre 3°5’ de latitude Nord et 11°31’de longitude Est (Nestor et al 1998), le département du Mfoundi compte 7 arrondissements (Yaoundé I, II, III, IV, V, VI, et VII). Le climat qui y règne est de type équatorial àpluviométrie bimodale avec quatre saisons biens marquées et tempéré par l’altitude. La grande saison pluvieuse va de mi-août à mi-novembre, la grande saison sèche, de mi-novembre à mi-mars, la petite saison pluvieuse, de mi-mars à mi-juin, la petite saison sèche de mi-juin à mi-août. Il tombe en moyenne 1650 mm de pluie par an. Avec une moyenne de 23,5°C, les températures oscillent entre 18 et 28°C aux saisons humides et 19 et 35°C en période sèche. La ville de Yaoundé, capitale politique du Cameroun s’étend sur une superficie de 310 km² avec une population estimée à 1 817500 habitants (Mbarga 2010). La croissance démographique actuelle est de 6,8% et la densité de la population est de 44,9 habitants au km² (plan directeur de l’urbanisation de la ville de Yaoundé, 2008).
Figure 1. Carte de la ville de Yaoundé Source: Plan directeur de la ville de Yaoundé 2008 |
Au Cameroun, il n'y a aucune liste exhaustive des éleveurs de cailles pour la zone d'étude. L'échantillon ne pouvait pas être aléatoire d'où il a été question d'utiliser une méthode non-probabiliste connu sous le nom de boule de neige. Les premiers sujets sélectionnés servaient à identifier les autres éleveurs de cailles (Salganik et Heckathorn 2004).
Les informations ont été collectées par des interviews suivant un questionnaire bien structuré et des observations directes.
Les données obtenues ont été analysés à l’aide de la statistique descriptive avec leslogiciels Excel et SPSS12.0.
Le tableau 1 présente la répartition des éleveurs en fonction de leur âge, sexe, situation matrimoniale, ethnie, motivations et mode d’acquisition des animaux. Il en ressort quela coturniculture est pratiquée par toutes les tranches d’âges et par les deux sexes. La proportion d’hommes et de personnes âgées étant les plus élevés 58 et 68% respectivement. Si cette situation est contraire à celle rapportée par Agbédé et al (1995) qui attribuaient aux femmes et aux enfants l’élevage traditionnel des volailles, elle corrobore ceux de Téguia (1998) qui a rapporté que dans 5 localités du Cameroun, l’élevage des canards était pratiqué en majorité par les hommes.
Tableau 1. Répartition des 50 éleveurs en fonction de leur âge, sexe, situation matrimoniale, ethnie, motivations et mode d’acquisition des animaux | |||
Paramètres | Modalités | Eleveurs (n=50) | |
Nombre | % total | ||
Age des enquêtés | 25-35 | 10 | 20 |
36-45 | 6 | 12 | |
45-55 | 16 | 32 | |
plus de 55 | 18 | 36 | |
Sexe | Masculin | 29 | 58 |
Féminin | 21 | 42 | |
Situation matrimoniale | Marié | 47 | 94 |
Célibataire | 3 | 6 | |
Nombres d’épouses | 1 | 26 | 89,65 |
2-3 | 3 | 10,35 | |
Nombres d’enfants à charge | 0-5 | 10 | 20 |
5-10 | 34 | 68 | |
10-20 | 6 | 12 | |
Motivations | Profit | 22 | 44 |
Santé | 20 | 40 | |
Prestige | 4 | 8 | |
Tradition | 4 | 8 | |
Ethnies | Bamiléké | 42 | 84 |
Betsi | 6 | 12 | |
Bororo | 2 | 4 | |
Mode d’acquisition des animaux | Achat | 47 | 94 |
Dons | 2 | 4 | |
Héritage | 1 | 2 |
Sur le plan matrimonial, la presque totalité des éleveurs est marié et majoritairement monogames (89,6%), avec 88% ayant un nombre d’enfants à charge moyen compris entre 0 et 10. Ce nombre d’enfants à charge semblerait garantir une main-d’œuvre familiale certaine pour l’élevage. Cette forte proportion de monogames est comparable aux 74% rapportés par Téguia (1998) et très différente des résultats de Teufack 2001 où les enquêtés étaient à 65,8% polygames.
Cette étude a révélé que les motivations pour l’élevage de la caille sont principalement d’ordre économique (44%) et pour les vertus des œufs (40%). Cet engouement est le résultat de la propagande faite par le journal La Voix Du Paysan entre autres sur la rentabilité de la coturniculture et les vertus «miraculeuses» de ses œufs. Les objectifs d’élevage, sont différents de ceux rapportés par Téguia (1998) et Teufack (2001). En effet, ces auteurs ont rapporté dans leurs études que l’activité était menée surtout pour l’auto consommation.
Le mode d’acquisition des animaux varie d’un éleveur à l’autre. L’achat (94%) représente le mode d’acquisition le plus important tenant probablement au fait que l’activité soit nouvelle. Par ailleurs, nos résultats sur les modes d’acquisition des animaux corroborent ceux de Téguia (1998) et Teufack (2001).
Tableau 2. Répartition des éleveurs en fonction du niveau d’éducation, de leur formation,activité principale, type de main-d’œuvre et appartenance à un groupe | |||
Paramètres | Caractéristiques | Eleveurs | |
Effectif | % total | ||
Niveau d’éducation | Primaire | 3 | 6 |
Secondaire | 18 | 36 | |
Supérieur | 29 | 58 | |
Formation en coturniculture | Formel | 20 | 40 |
Informel | 30 | 60 | |
Activité principale | Salariés | 28 | 56 |
Eleveur | 15 | 30 | |
Commerce | 5 | 10 | |
Agriculteur | 2 | 4 | |
Main d’œuvre | Familiale | 40 | 80 |
Salariale | 10 | 20 | |
Appartenance à un GIC | Oui | 25 | 50 |
Non | 25 | 50 |
Il ressort de ce tableau que la totalité des éleveurs enquêtés est alphabétisée. Ce niveau d’éducation serait un atout en cas d’apport d’innovations.
60% des éleveurs déclarent n’avoir pas reçu de formation en coturniculture et ne bénéficient d’aucun encadrement technique des services publics.
Les enquêtés sont principalement salariés (56%). Ces résultats sont différents de ceux de Teufack (2001) qui a rapporté que dans le département de la Menoua, 45,2% des éleveurs de volailles non conventionnelles ont pour activité principale l’agriculture.
La main d’œuvre varie d’un élevage à l’autre. Mais il faut noter qu’elle est surtout familiale (80%). Les éleveurs pour la moitié appartiennent à un GIC ce qui serait un atout pour la structuration de la filière.
Figure 2. Répartition des éleveurs enquêtés en fonction de leur expérience |
La coturniculture est une activité très jeune car 52% des éleveurs ont à peine une expérience de 1 à 3 ans. Malgré sa jeunesse, ce secteur semble promoteur.
La taille du troupeau telle que l’illustre la Figure 3, varie de moins de 100 à plus de 2000 avec une moyenne de 599 ± 628 sujets par éleveur, les éleveurs ayant un cheptel compris entre 100 et 500 têtes étant les plus représentés (40%). Ce résultat est largement supérieur à la taille moyenne par éleveur (21 ± 19) rapportée par Teufack (2001) dans le Département de la Menoua.
Figure 3. Répartition des éleveurs enquêtés en fonction de la taille du cheptel |
Estimé à 29 929 oiseaux, la structuration du cheptel coturnicole montre que le cheptel est constitué à 62,52% de reproducteurs. On note chez les reproducteurs une sous utilisation des mâles adultes avec un rapport de 1 mâle pour 1,75 femelle seulement contre un sex ratio de ½ à 1/3 tel que recommandé par la littérature (Roshdy et al 2010; Romao, 2010).
Les caractéristiques du logement des cailles sont présentées dans le tableau 3.
Tableau 3. Caractéristiques du logement et des équipements | |||
Paramètres | Caractéristiques | Effectif | |
Eleveur | % Total | ||
Type de logement | Elevage sur litière | 45 | 88 |
Elevage en cage | 5 | 12 | |
Matériau de construction | Grillage plus bois | 49 | 98 |
Planches plus parpaings | 1 | 2 | |
Modalité de logement | En fonction de l’âge | 42 | 84 |
En fonction du sexe | 8 | 16 | |
Type de mangeoires | Linéaire associé au bâtiment | 20 | 40 |
Linéaire mobile | 30 | 60 | |
Phénotype de caille | Tachetée | 34 | 68 |
Rousse | 7 | 14 | |
Noire | 5 | 10 | |
Blanche | 4 | 8 |
1a- Cages avec mangeoires externes | 1b- Cages avec litière |
Photo 1. Types de logements de cailles rencontrés |
L’analyse de la distribution des éleveurs enquêtés en fonction des phénotypes rencontrés montre que le phénotype tachetée (68%) est le plus représenté.
2a- Caille noire | 2b- Caille rousse avec tache blanche |
2c- Caille blanche | 2d- Caille tachetée |
Photo 2. Phénotypes de cailles observés |
Les logements sont fait en planches avec ou sans litière ; celui des cailleteaux est pourvu intérieurement de bâches ou tout autre matériel limitant les pertes de chaleurs. La densité d’élevage n’est pas strictement prise en compte par les éleveurs étant donné la sous utilisation des logements suite à la diminution des effectifs. Néanmoins, les densités fréquemment utilisées varient de 150 sujets maximum au m² en poussinière à 40 sujets au m² en ponte.
Tableau 4. Caractéristiques de l’alimentation et de l’abreuvement des animaux | |||
Paramètres | Modalités | Eleveurs | |
Effectif | %total | ||
Origine de l’aliment | Provenderie | 43 | 86 |
Composition personnelle | 7 | 14 | |
Modalité d’alimentation | A volonté | 26 | 52 |
Avec rationnement | 24 | 48 | |
Coût du kg d’aliment(FCFA) | Démarrage | 280-350 | - |
Ponte | 240-300 | - | |
Origine de l’eau | Puits | 15 | 30 |
Robinet | 35 | 70 |
Dans les élevages enquêtés, la base de l’alimentation des animaux reste la provende fabriquée ou non par l’éleveur. En effet, la majorité des éleveurs (86%) s’approvisionnent auprès de provenderies. Malgré le fait que la caille soit élevée surtout pour ses œufs, une faible proportion des éleveurs (6%) utilisent 3 types d’aliments contre une majorité utilisant 2 types. Tout ceci justifierait la non maîtrise de cet élevage par les enquêtés. Le coût de l’aliment varie entre 280 et 350 FCFA en démarrage et entre 240 et 300 FCFA en ponte. Il ressort de l’analyse du Tableau 4 que l’eau utilisée provient essentiellement du robinet (70%).
Le critère de sexage le plus utilisé par les éleveurs est la poche de sperme présente chez le mâle à maturité et absente chez la femelle. Le sex-ratio varie de 1/1 à ¼ avec une moyenne de ½. La durée d’éclairement journalière moyenne est de 15 heures d’éclairement par jour. Le ramassage des œufs quant à lui s’est fait 2 fois par jour, le matin et le soir (70%).
Tableau 5. Quelques éléments de conduite de la reproduction | |||
Paramètres | Modalités | Eleveurs | |
Effectif | % total | ||
Critère de sexage | Plumage | 12 | 76 |
Poche de sperme | 38 | 94 | |
Sex ratio | 1/1 | 3 | 6 |
1/2 | 22 | 44 | |
1/3 | 31 | 62 | |
1/4 | 3 | 6 | |
Inconnu | 8 | 16 | |
Durée de l’éclairement | 10-12 heures | 11 | 22 |
12-14 heures | 12 | 24 | |
14-16 heures | 22 | 44 | |
Toute la nuit | 5 | 10 | |
Ramassage des œufs | Matin | 12 | 24 |
Soir | 3 | 6 | |
2 fois par jour | 35 | 70 |
Alors que les mesures prises pour la gestion de la reproduction (sex-ratio moyen) sont dans les limites de celles recommandées par Menasse 2004; Roshdy et al 2010 et Romao 2010, celles obtenues sur l’éclairement moyen en ponte sont en accord avec les recommandations de Nasrollah et al (2006) et inférieures de 3 heures à celles recommandés par Menassé (2004) et Romao et al (2010).
Tableau 6. Récapitulatif des caractéristiques de la ponte | |||
Paramètres | Modalités | Eleveurs | |
Effectif | % total | ||
Age au début de la ponte | 45-55 jours | 15 | 30 |
55-65 jours | 27 | 54 | |
65-75 jours | 8 | 16 | |
Taux de ponte moyen | 40-60% | 12 | 24 |
60-70% | 20 | 40 | |
70-85% | 15 | 30 | |
inconnu | 3 | 6 | |
Taux de ponte au pic | 60-70% | 3 | 8,33 |
70-80% | 12 | 33,33 | |
80-90% | 21 | 58,33 | |
Age au pic de ponte | 10-12 semaines | 15 | 41,67 |
12-14 semaines | 10 | 27,78 | |
14-16 semaines | 11 | 30,55 | |
Durée de ponte économique | 6-8 mois | 5 | 13,89 |
8-10 mois | 29 | 82,86 | |
12-14 mois | 2 | 5,55 | |
Durée de stockage des œufs avant incubation | 1-7 jours | 36 | 72 |
8-12 jours | 14 | 28 |
Nous pouvons retenir du Tableau 6 que: les cailles entrent en ponte à 60 ± 15 jours, avec un taux de ponte moyen variant entre 40 et 85% pour une moyenne de 62,5%. Le pic de ponte varie entre 60 et 90% avec une moyenne de 75% à un âge moyen de 12 semaines. Quant à la durée économique de ponte (ponte inférieure à 50%) la majorité des enquêtés affirment qu’elle varie entre 8 et 10 mois. Cela supposerait qu’un respect rigoureux et strict des mesures recommandées pour la gestion de la reproduction pourrait permettre d’obtenir de meilleurs résultats.
L’âge moyen à la maturité sexuelle est en accord avec celui d’Hugues (1986) et de Teukack (2001). Cependant il est supérieur de 15 jours aux recommandations de Menassé (2004). Cette différence d’âge avec celui du dernier auteur serait liée aux conditions géo-climatiques de travail.
Le taux de ponte est en accord avec les résultats de Teufack (2001); Ozbey (2004) mais inférieur de 9,9% et de 15% à ceux rapportés par Roshdy et al (2008) et Romao et al (2010a) respectivement. Toutefois, il est proche des 57,9% rapporté par Roshdy et al (2008) en élevage de cailles en cages. Ce faible taux de ponte observé en élevage de cailles pourrait nous faire penser à une éventuelle difficulté d’adaptation des cailles aux cages. Le pic de ponte obtenu est inférieur de 17,5% à celui rapporté par Hanan et al (2010).
Tableau 7. Caractéristiques des incubateurs utilisés par les éleveurs de cailles dans la Région du Centre | |||
Paramètres | Modalités | Eleveurs (n = 50) | |
Effectif | % total | ||
Incubateur | Oui | 40 | 80 |
Non | 10 | 20 | |
Nature de l’incubateur | Local | 38 | 95 |
Importé | 2 | 5 | |
Source de chauffage | Pétrole | 1 | 2,5 |
Gaz | 2 | 5 | |
Electricité | 37 | 92,5 | |
Température | 36,5-37,5°C | 3 | 7,5 |
37,5-38,5°C | 34 | 85 | |
38,5-39,5°C | 3 | 7,5 | |
Retournement | 2 fois par jour | 30 | 75 |
3fois par jour | 6 | 15 | |
4 fois par jour | 4 | 10 | |
Taux d’éclosion | Moins de 40% | 5 | 12,5 |
40-60% | 20 | 50 | |
60-80% | 15 | 37,5 | |
Modalité de chauffage des cailleteaux | Associé à d’autres volailles | 18 | 36 |
Seules les cailles | 32 | 74 |
Du tableau 7 on note que 92,5% des éleveurs utilisent une température moyenne de 38,5°C, comparable aux 38,6°C et 37,5°C rapportés respectivement par Menassé (2004) et par Romao et al (2010).
Photo 3. Vue extérieure et extérieure de deux incubateurs de fabrication locale |
Le retournement des œufs se fait de manière manuelle pour les machines de fabrication locale avec des fréquences allant de 2 à 4 fois par jour. Par ailleurs, ¾ des éleveurs retournent 2 fois par jour, le matin et le soir. Cette fréquence de retournement journalière est en conformité avec les résultats de Teukack (2001), mais très inférieure aux 7 retournements prescrits par Agrodok (2003) et aux 48 retournements recommandés par Romao et al (2010). Ceci pourrait expliquer les faibles taux d’éclosion. La durée moyenne d’incubation est de 17 jours (16 à 21 jours) et les éleveurs laissent les animaux dans la machine un jour de plus pour qu’ils sèchent. Il faut noter que le taux d’éclosion moyen est de 50% quel que soit le type de machine.
Les mortalités sont enregistrées en majorité entre 0 et 3 semaines d’âge pendant le chauffage suite à la noyade et aux coupures intempestives d’électricité. Pour palier aux problèmes de noyades, les éleveurs disposent de petits cailloux autour des abreuvoirs pour réduire l’espace d’accès à l’eau et ainsi éviter des noyades.
Le taux d’éclosion moyen (50%) enregistré dans notre étude, est comparable aux 50% rapportés par Teufack (2001) et inférieur de 27,5% à ceux rapportés par Romao et al (2010). Ces faibles taux d’éclosion seraient dûs au fait que la fabrication des incubateurs locaux est faite sans technicité, car il existe beaucoup d’amateur dans le secteur, que les incubateurs importés ne sont originellement pas conçus pour les cailles, et enfin les pratiques d’incubation ne sont pas maîtrisées.
Les données concernant la protection sanitaire des animaux sont regroupées dans le tableau 8 suivant.
Tableau 8. Quelques aspects sanitaires des élevages | |||
Paramètres | Caractéristiques | Eleveurs | |
Effectif | % total | ||
Problèmes de maladies | Aucun | 18 | 36 |
Quelques | 32 | 64 | |
Assistance du service vétérinaire | Non | 33 | 66 |
Oui | 17 | 34 | |
Programme de prophylaxie | Oui | 10 | 20 |
Non | 40 | 80 |
Il ressort de ce tableau que la majorité (64%) des éleveurs rencontre des problèmes de maladie. Ces résultats sont différents de ceux rapportés dans la littérature (Teufack 2001; Menassé 2004) et qui attribuent à la caille domestique une rusticité particulière aux maladies. Mais ils sont proches de ceux de Chang et al (2005) qui pensent que du fait de la diversité réduite du matériel génétique et des sélections poussées chez la caille domestique, on note une réduction des performances de production et une faible résistance aux maladies. Aucun programme de protection sanitaire n’est prévu dans la majorité (80%) des élevages enquêtés.
Seulement 34% reçoivent l’assistance du service vétérinaire en cas de besoin. Les principales maladies rencontrées sont la coccidiose, le coryza, le torticolis et la toux. Ces maladies rejoignent celles décrites par Hugues (1986) qui en plus de celles-ci a mentionné dans le guide d’élevage de la caille domestique les avitaminoses et les problèmes de déséquilibre alimentaire.
L’utilisation de produits vétérinaires dans les élevages est majoritaire, suivie de la pratique ethno-vétérinaire et de ceux qui pratiquent les deux. Cette proportion de pratique ethno-vétérinaire faible s’expliquerait par l’urbanisation de la ville entrainant la raréfaction des végétaux au profit des habitations.
La presque totalité des éleveurs vendent leurs produits à la ferme et seuls 20% ont signé des contrats avec des supermarchés où ils livrent leurs produits (œufs et cailles). Les produits les plus vendus sont les œufs (70%). Il est à noter qu’il n’existe pas pour l’instant de points de vente agréés pour la commercialisation des produits de la coturniculture. Le Tableau 8 relève quelques aspects économiques liés à la production de caille.
Tableau 9. Quelques aspects économiques de la coturniculture | ||
Variation du coût (FCFA) | Coût moyen | |
Coût de la main-d’œuvre | 30 000-50 000 | 40 000 |
Coût cailleteau | 400-500 | 450 |
Caille prête à pondre | 1500-2500 | 2000 |
Caille reformée | 800-1300 | 1050 |
Prix de l’œuf | 60-150 | 105 |
Coût de l’incubation d’un œuf | 100-200 | 150 |
Prix du sac de fiente | 500-1500 | 1000 |
Incubateurs | ||
coût | 150 000-500 000 | 325 000 |
-local capacité | 750-5000 œufs | 2 875 œufs |
-importé coût | 1 000 000-5000 000 | 3 000 000 |
capacité | 5000-7000 œufs | 6 000 œufs |
Le coût des produits de l’élevage de la caille chute d’années en années, car l’offre est supérieure à la demande et la taille du produit offert négativement corrélée à son prix. Le prix de l’œuf est passé de 300-450 entre 2007 et 2008 à 60 -150 FCFA aujourd’hui (2010). Le cailleteau quant à lui est passé de 600-800 FCFA en 2008 à 400-500 en 2010, alors que la caille prête à pondre de 3000-3500 en 2008 à 1500 à 2000 en 2010. Par ailleurs, il faut noter que certains Camerounais se sont rendus compte que les vertus miraculeuses attribuées aux produits de cet élevage n’étaient pas vérifiées. Les coûts des bâtiments et incubateurs sont très élevés et sont peu rentables.
Tableau 10 Contraintes et perspectives de la coturniculture | ||
Contraintes | Effectif | Pourcentage (%) |
Commercialisation | 27 | 54 |
Financement | 6 | 12 |
Vol/prédation | 3 | 6 |
Approvisionnement | 2 | 4 |
Maladies | 7 | 14 |
Manque d’encadrement | 5 | 10 |
Perspectives | ||
Sensibilisation | 17 | 34 |
Subvention | 2 | 4 |
Abandon | 1 | 2 |
Amélioration de l'expérience | 2 | 3 |
Création point de vente | 23 | 47 |
Diversification de l'élevage | 5 | 10 |
Parmi les contraintes rencontrées en élevage de caille, la commercialisation représente le problème majeur (54%) suivie par le problème des maladies. L’approvisionnement en cailles n’est pas un souci majeur.
Pour faire face à leurs difficultés, les éleveurs de caille envisagent plusieurs possibilités. C’est ainsi que la majorité, souhaitent vivement une sensibilisation des populations sur les produits de l’élevage de la caille. Toutefois très peu envisagent l’abandon.
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Received 18 January 2015; Accepted 3 February 2015; Published 1 April 2015